Rachat de SFR : Numericable remporte la bataille face à Bouygues
Le Conseil de surveillance de Vivendi a une nouvelle fois voté à l'unanimité en faveur de l'offre de reprise de Numericable. Bouygues Telecom, qui est mal en point depuis l'arrivée de Free sur le marché menait depuis le 14 mars une lutte acharnée, et espérait toujours mettre la main sur SFR en vue de redresser sa filiale de télécommunication Bouygues Telecom. Quelques heures avant le conseil de surveillance de Vivendi, le groupe a même proposé à Vivendi 15 milliards d'euros en cash et a ajouté un petit bonus de 500 millions d'euros, qui aurait été versé si la valeur de ce futur opérateur coté dépasse 16 milliards d'euros.
Pour acquérir SFR, Altice va dépenser 11,75 milliards d'euros en cash ainsi qu'un complément éventuel de prix de 750 millions d'euros, et la possibilité de céder ultérieurement sa participation de 20 %. L'ensemble devrait représenter une valeur totale supérieure à 17 milliards d'euros. Numericable devient désormais un nouveau géant des télécoms en France avec 6,7 millions d'abonnés dans le fixe et 17 millions dans le mobile.
Ce choix semble donc être une déclaration d'indépendance de la part de Vivendi. Pour le Conseil de surveillance, ce choix correspond aussi au projet industriel le plus porteur en termes de croissance et d'accélération du nombre de lignes connectées pour les entreprises et les particuliers. Les experts ont notamment conclu que l'offre d'Altice/Numericable présente les risques les moins élevés en matière de concurrence car SFR et Numericable ne sont pas présents sur les mêmes segments de marché et leurs activités sont complémentaires. En ce qui concerne, la pérennité de l'emploi, le projet industriel d'Altice/Numericable est celui qui garantit pleinement le développement de l'emploi dans la durée.
Suite à cette décision le ministre de l'économie Arnaud Montebourg, qui n'a jamais caché son soutien à Bouygues, a rapidement fait savoir qu'il allait "redoubler de vigilance" sur les engagements pris en terme d'emploi par Altice et Numericable. Le président d'Altice, Patrick Drahi, s'est pour sa part engagé à ne pas licencier, en conservant les 8500 emplois chez SFR et les 2400 employés chez Numericable. Il a même indiqué que des nouveaux commerciaux aller être recrutés pour le marché des entreprises.
- L'autre perdant dans cet accord est Free, qui de son côté, espérait mettre la main sur une partie des antennes de Bouygues Telecom. En effet, l'accord avec Bouygues Telecom était conditionné au fait que le groupe Bouygues acquiert SFR mis en vente par Vivendi. L'accord comprenait la cession de 15 000 antennes du réseau Bouygues Telecom à son concurrent Free pour 1,8 milliard d'euros. Cette cession avait pour conséquence de redessiner le paysage des télécoms français, avec à nouveau trois acteurs sur le marché (Orange, Free et Bouygues-SFR). Dans cette nouvelle configuration revenue à trois, cette opération permettait donc à Free Mobile d'accélérer sa dynamique commerciale grâce à l'infrastructure de Bouygues Telecom car elle permettait surtout au trublion de la téléphonie mobile d'accroître son autonomie et son portefeuille de fréquences. Il est désormais très probable que Free réfléchisse déjà à d'autres opportunités qui pourraient se présenter afin de continuer à gagner énormément de parts de marché sur ce secteur très concurrentiel.