Publié le  par La rédaction

Quelle analyse peut-on porter sur le secteur des télécoms en France pour l'année 2023

Quelle analyse peut-on porter sur le secteur des télécoms en France pour l'année 2023

La Fédération Française des Télécoms a rendu publique l'édition 2023 de l'étude sur l'économie du secteur des télécoms en France, réalisée par le cabinet Arthur D. Little. Cette nouvelle édition fait apparaître que les opérateurs télécoms français maintiennent des prix très compétitifs malgré le contexte inflationniste et portent un effort d'investissement record dans la durée malgré une fiscalité spécifique toujours extrêmement élevée.

L'étude dresse ensuite un premier bilan des résultats des opérateurs français dans leur transition vers un numérique responsable et établit que leurs engagements pour l'environnement sont les plus ambitieux du secteur, en Europe et au niveau mondial.

L'étude montre également que le secteur numérique au niveau mondial revient à ses fondamentaux après une correction en 2022 avec un fossé qui continue de se creuser entre l'Europe et les autres régions du monde.

Enfin, l'étude signale que la concentration des acteurs générateurs de trafic dans un contexte de croissance des usages exacerbe les déséquilibres de l'écosystème numérique européen et en conclut que ces déséquilibres appellent à la mise en place d'une contribution équitable à l'utilisation des réseaux.

1. Analyse du secteur des télécoms en France et comparaison avec les autres secteurs de l'économie nationale : les opérateurs télécoms gardent des prix bas, investissent davantage et sont plus lourdement taxés que les autres secteurs.

En France, le déséquilibre du partage de la valeur entre les opérateurs et les autres acteurs du numérique s'accentue encore. Les opérateurs télécoms ne perçoivent plus que 39 % des revenus totaux de l'écosystème numérique français, mais assurent encore 79 % des investissements, 66 % des emplois et s'acquittent de 83 % des impôts et taxes.

Ce déséquilibre est d'autant plus notable que les prix des services de télécommunications en France continuent de faire figure d'exception par rapport aux autres secteurs essentiels. Les télécoms sont le seul secteur à avoir baissé ses prix sur le long terme, ce qui rend du pouvoir d'achat aux Français dans un contexte de forte inflation.

En effet, entre 2013 et 2022, l'indice de prix des services télécoms a diminué de 2 % par an et les services des télécommunications ont cru 6 fois moins que l'inflation entre 2021 et 2022 (1 point pour les télécoms, 6 points pour l'inflation).

Conséquence de cette baisse des prix, le poids des services télécoms dans le budget des ménages diminue depuis 10 ans. En 2022, il représente 1,4 % de la consommation des ménages, contre 1,7 % en 2013.

En outre, les tarifs des services télécoms en France restent parmi les plus bas des grands pays occidentaux.

Parallèlement, les investissements réalisés par le secteur des télécoms depuis 5 ans sont bien plus importants que ceux des autres réseaux d'infrastructures français. En 2022, ils ont atteint 14,6 milliards d'euros, soit deux fois plus que les investissements réalisés dans le transport et la distribution d'électricité ou dans le réseau ferré, et huit fois plus que les investissements autoroutiers.

Chaque année, depuis 5 ans, les opérateurs investissent l'équivalent de 1,7 fois le budget des Jeux Olympiques de Paris 2024.

L'effort d'investissement des opérateurs français est le plus élevé parmi les grands pays européens (près de 20 % du CA, soit près de 150 euros par habitant).

Cet effort donne des résultats tangibles. En 4 ans, les opérateurs ont rendu éligibles à la fibre près de 19 millions de locaux, portant ainsi le taux d'éligibilité à plus de 84 %. Ce qui fait de la France le pays européen ayant le plus de foyers éligibles à la fibre.

Enfin, la fiscalité spécifique des opérateurs télécoms, toujours supérieure à l'impôt sur les sociétés, augmente encore de 50 millions d'euros en 2022. Elle atteint désormais plus de 1,5 milliard d'euros, dont plus de 500 millions versés au secteur de la culture et près de 300 millions versés au titre de l'IFER mobile au profit des collectivités territoriales.

En 2022, les opérateurs télécoms continuent de payer 1,9 fois plus d'impôts que la moyenne des sociétés du CAC 40 alors qu'ils investissent trois fois plus.

Cette situation de déséquilibre est préoccupante. Elle met en danger la pérennité du secteur des télécoms, qui joue un rôle essentiel dans l'économie française.

2. Analyse des engagements et des résultats des opérateurs français dans leur transition vers un numérique responsable et comparaison internationale : leurs engagements environnementaux sont les plus ambitieux du secteur, en Europe et au niveau mondial.

Dans un contexte de croissance du poids du numérique dans les émissions de dioxyde de carbone (gaz à effet de serre) de la France, l'empreinte environnementale multicritères et l'empreinte carbone stricto sensu des réseaux télécoms français devraient rester faibles et même décroître d'ici 2040.

En effet, les opérateurs télécoms français se sont saisis de l'enjeu et affichent des engagements environnementaux ambitieux et responsables.

Les premiers résultats de leur transition écologique sont d'ailleurs déjà observables sur les 4 indicateurs clés suivis depuis 2020 :

  • - Réduction des émissions carbone directes (-20 %)
  • - Recours accru aux énergies renouvelables (X 1,7)
  • - Développement de la vente de téléphones reconditionnés (X 2)
  • - Croissance de la part des téléphones collectés pour recyclage sur les téléphones vendus (X 1,7)

Ces engagements pour l'environnement des opérateurs français sont d'ailleurs les plus ambitieux du secteur, en Europe et au niveau mondial.

Les opérateurs français sont également parmi les plus efficaces en termes de niveau d'émissions carbone rapportées au nombre de clients fixes et mobiles.

3. Analyse de la place occupée par les opérateurs télécoms dans l'écosystème numérique mondial et européen : le fossé entre les opérateurs européens et les autres acteurs reste flagrant malgré un léger rattrapage en 2022.

En 2022, l'écosystème numérique mondial a poursuivi sa croissance, portée par les contenus, les développeurs de logiciels et les équipementiers.

Les opérateurs télécoms, en revanche, n'ont enregistré qu'une hausse modeste de leurs revenus (3 %), contre 9 % en moyenne pour l'ensemble de l'écosystème.

Cette divergence de performance s'explique par plusieurs facteurs, notamment :

  • La baisse de la part relative des télécoms dans les revenus du secteur, qui s'est accélérée ces dernières années, notamment en Europe.
  •  Le fait que les opérateurs européens ont augmenté leurs revenus en 2022, mais que cette croissance reste inférieure à la moyenne mondiale des 10 dernières années.

Les opérateurs télécoms européens affichent une valorisation boursière deux fois inférieure en moyenne à celle des autres opérateurs.

4. Analyse des déséquilibres de l'écosystème numérique liés à l'utilisation des réseaux : le statu quo en Europe et en France n'est pas soutenable.

La croissance des usages numériques s'accompagne d'une multiplication par 5 à 6 du volume d'usage par utilisateur d'ici à 2030.

Cependant, l'essentiel de ce trafic est généré par un nombre limité d'acteurs Internet et médias. En heure de pointe, 80 % du trafic français est généré par 5 acteurs Internet.

Cette concentration du trafic entraîne des conséquences importantes pour les opérateurs télécoms.

D'une part, elle contraint les opérateurs à porter l'ensemble des investissements réseaux, ce qui représente un coût important. D'autre part, elle entraîne des coûts environnementaux croissants, assumés par la société et non par les acteurs qui les génèrent.

En conséquence, il est nécessaire de changer les paramètres de l'équation du numérique en France et en Europe.

Une solution consiste à mettre en place une contribution équitable à l'utilisation des réseaux, incitant les plus grands émetteurs de trafic à la sobriété.


 
 
 

 
 
 
 
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