Les éditeurs de services en ligne dénoncent les pratiques d'Apple
Le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) a récemment rédigé un courrier destiné au PDG d'Apple, Steve Jobs, pour lui faire part de nombreux griefs sur les conditions qui sont imposées sur l'App Store pour leurs contenus sur iPhone et iPad. Une contestation qui pourrait gagner l'ensemble des éditeurs de presse en Europe.
Après avoir été auditionné le 9 mai dernier par l'Autorité de la concurrence, le Geste a préféré écarter l'idée d'une éventuelle action pour abus de position dominante. Car celle-ci serait difficile à démontrer sur le marché de la presse, où la marque à la pomme n'est pas directement concurrente, contrairement au marché de la musique que les sages de la rue de l'Echelle ont mis sous surveillance.
Le courrier a été envoyé à Steve Jobs quelques jours avant la date du 30 juin 2011 qui marque l'entrée en vigueur de nouvelles conditions contractuelles rendant quasi incontournable App Store et son système de facturation " In App Purchase ". En d'autres termes : vous vendez vos contenus sur iPhone ou iPad ; vous devez les faire payer via le système de micro-paiement d'iTunes.
Lors du lancement du service d'abonnement mi-février, Steve Jobs avait expliqué : " Notre philosophie est simple : quand Apple attire un nouvel abonné sur l'application, Apple gagne une part de 30 %. Quand l'éditeur amène un abonné - nouveau ou existant - sur l'application, l'éditeur garde 100 % et Apple ne gagne rien ".
Mais les inquiétudes subsistent toujours chez les éditeurs et plusieurs questions se posent : qu'en est-il par exemple des futurs abonnés ayant cliqué à partir d'une application gratuite ? " Un abonné transitant d'une application gratuite vers une application payante est bien apporté par l'éditeur et non par Apple ", souligne le Geste.
Le Groupement des éditeurs de services en ligne souhaite que soient dissociés le paiement/référencement et la partie marketing. Selon le groupement, au lieu de l'actuelle commission de 30 % sur toutes les ventes à l'acte ou à l'abonnement, " seul un taux de 10 % serait acceptable ". Le Geste s'inquiète également d'un alignement progressif des fabricants de tablettes sur un principe de prélèvement de 30 % sur les revenus générés par l'éditeur. Autre point problématique, les éditeurs ne peuvent pas se différencier des contenus en ligne concurrents par les prix car la grille tarifaire et les paliers obligatoires qu'impose Apple, avec des prix " psychologiques " se terminent tous par " 99 " centimes d'euros.
En ce qui concerne la TVA applicable en Europe dans le " walled garden " d'Apple (15 %, 9 %, …), elle fluctue selon les éditeurs. Ces derniers dénoncent également la censure qu'exerce Apple sur plusieurs contenus jugés répréhensibles pour le géant américain. Le délai de validation par Apple, qui peut atteindre plusieurs semaines par application, pose également problème.