Publié le  par Philippe

DMA : une nouvelle victime, Apple désactive la synchronisation Wi-Fi entre iPhone et Apple Watch en Europe

DMA : une nouvelle victime, Apple désactive la synchronisation Wi-Fi entre iPhone et Apple Watch en Europe

Entre la protection de la vie privée et les exigences européennes en matière de concurrence, Apple a tranché.

Avec iOS 26.2 et watchOS 26.2, attendus début décembre, la firme de Cupertino va désactiver la synchronisation automatique des réseaux Wi-Fi entre l’iPhone et l’Apple Watch dans l’Union européenne. Une décision lourde de sens, qui s’inscrit dans le bras de fer désormais récurrent entre Apple et Bruxelles autour du Digital Markets Act (DMA).

Un retrait préventif pour échapper au DMA

Jusqu’à présent, la fonction permettait à l’Apple Watch de se connecter automatiquement à un réseau Wi-Fi déjà connu de l’iPhone, sans intervention de l’utilisateur. Une intégration discrète mais pratique, garante de la fameuse “magie” de l’écosystème Apple : tout fonctionnait, sans que l’on s’en aperçoive.

Mais cette simplicité va bientôt disparaître du paysage européen. Apple a confirmé à Numerama que cette fonctionnalité serait purement et simplement retirée dans l’Union européenne avec iOS 26.2. En cause : une exigence de la Commission européenne, qui souhaite que l’historique des connexions Wi-Fi puisse être partagé avec des appareils tiers  comme des montres connectées d’autres marques ou des lunettes de réalité augmentée.

Pour Bruxelles, il s’agit d’une mesure de bon sens : si l’Apple Watch bénéficie d’un accès privilégié à ces données, il est logique que des produits concurrents puissent en faire autant. Une question de libre concurrence, justifie l’Union européenne, dans l’esprit du Digital Markets Act adopté pour briser les positions dominantes des grandes plateformes technologiques.

Apple dégaine l’argument de la vie privée

Pour Apple, cette demande est inacceptable. La marque estime qu’un tel partage reviendrait à ouvrir la porte à des pratiques d’espionnage publicitaire.

Dans un scénario redouté par Cupertino, des entreprises dont le modèle économique repose sur la publicité ciblée, comme Meta nommément citée, pourraient exploiter ces informations pour déterminer la position géographique d’un utilisateur, suivre ses déplacements et affiner ses profils comportementaux.

Apple se pose donc, une fois encore, en défenseur de la vie privée. Plutôt que d’ouvrir une brèche dans la sécurité de ses utilisateurs, la firme a préféré saborder la fonctionnalité elle-même, la retirant pour tout le monde, y compris pour sa propre montre.

Entre pragmatisme et démonstration de force

Officiellement, Apple invoque la protection des données. Officieusement, cette désactivation s’apparente aussi à un message politique.

Depuis plusieurs mois, la marque prévient qu’elle pourrait désactiver certaines fonctions dans l’Union européenne si les exigences du DMA devenaient incompatibles avec ses standards de sécurité. Avec iOS 26.2, cette menace se concrétise pour la première fois.

Apple ne s’en cache pas : elle entend montrer les conséquences concrètes des réglementations européennes sur l’expérience utilisateur.

En d’autres termes, si le DMA complique la vie des utilisateurs, la faute ne serait pas à Apple, mais à Bruxelles. Une façon habile de détourner la frustration du consommateur européen contre le régulateur.

Des utilisateurs pris entre deux feux

Pour la majorité des utilisateurs, l’impact restera toutefois limité. Dans la plupart des cas, l’Apple Watch reste connectée à l’iPhone par Bluetooth, ce qui suffit à maintenir les notifications, la musique ou le suivi de la santé. Le Wi-Fi n’entre vraiment en jeu que lorsque l’iPhone n’est pas à proximité, par exemple lors d’un footing sans smartphone.

Dès la mise à jour, la montre ne pourra plus se connecter automatiquement aux réseaux déjà connus. Il faudra saisir manuellement le mot de passe, ou attendre qu’Apple implémente un système plus pratique de connexion. Rien d’insurmontable, mais un recul perceptible dans le confort d’utilisation.

Une première en Europe, mais peut-être pas la dernière

Ce retrait marque une première historique : c’est la première fois qu’Apple supprime une fonction existante uniquement pour le marché européen.

Et ce pourrait n’être qu’un début. D’autres fonctions sont déjà limitées dans l’UE, comme le mirroring de l’iPhone sur Mac ou certaines options SharePlay.

Apple indique par ailleurs que de futures restrictions pourraient suivre, si le DMA continue d’imposer aux géants du numérique de fournir un accès équitable à leurs API dès le lancement d’une nouveauté. Une contrainte que la firme juge incompatible avec son rythme d’innovation et ses exigences de confidentialité.

Un double discours assumé

  • Le paradoxe, c’est que dans le même temps, Apple introduit de nouvelles fonctions en Europe, comme la traduction en direct des AirPods, disponible grâce à une API audio spécifique qui permet aux accessoires tiers de gérer plusieurs flux sonores.
  • Un signe que la marque n’est pas fermée à tout compromis… à condition d’en garder le contrôle total.

Cette stratégie illustre le double jeu permanent de Cupertino : céder juste assez pour respecter la loi, mais sans jamais abandonner la maîtrise de son écosystème.

Une tension durable entre innovation et régulation

Cette nouvelle passe d’armes s’ajoute à une longue série d’affrontements entre Apple et l’Union européenne : MagSafe, App Store, sideloading, NFC, Safari par défaut… À chaque fois, le même débat revient : jusqu’où la régulation peut-elle contraindre une entreprise à ouvrir son univers sans mettre en péril la sécurité ou l’expérience utilisateur ?

Le DMA, voulu pour rétablir un équilibre concurrentiel, pousse Apple dans ses retranchements. Mais la firme, fidèle à sa culture de la fermeture maîtrisée, préfère amputer son produit plutôt que de partager ses clés.

Et si, au fond, c’était là toute la philosophie d’Apple : mieux vaut un écosystème amputé qu’un écosystème compromis.


 
 
 

 
 
 
 
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